vendredi 6 juin 2025
C) La légitimité du pouvoir politique
Doc.3 p.107
5-courage, intelligence, capacité à commander et à prendre des décisions. Dans la peinture Bonaparte au pont d’Arcole, c’est lui qui porte l’étendard et qui conduit les troupes.
6-tradition catholique (monarchie de droit divin). La légitimité du monarque était donnée par l’Eglise.
7-vote des électeurs au suffrage universel (tout le monde a pu exprimer un choix)
La légitimité du pouvoir politique
Le détenteur de pouvoir doit convaincre d’abord que le pouvoir qu’il prétend exercer est lui-même légitime (c'est-à-dire utile à la société, compte tenu des valeurs de celles-ci), et que lui-même présente des propriétés adéquates pour cette tâche. On doit ainsi à Max Weber (1864-1920) la distinction entre 3 sources de la légitimité :
-la tradition, l’autorité du passé étant supposée justifier celle du présent→ croyance en l’intangibilité des normes coutumières et des traditions ancestrales. Cette forme de légitimité fait du passé et de la fidélité des référents essentiels. !!! prédominance des relations de type personnel. (les parents, les anciens –gérontocratie-, monarque héréditaire)
-la rationalité légale. L’autorité se justifie par des compétences attestées (diplômes, concours) ou un procédé lui-même légitime de désignation (élection). Croyance en la légalité des normes juridiques en vigueur. Type d’autorité propre à l’Europe occidentale. (le juge, l’enseignant, le policier, le président de la République…)
-Le charisme, c’est à dire le rapport particulier qui s’établit entre un dirigeant et ses fidèles, qui lui prêtent des qualités surhumaines le qualifiant pour les diriger (grands hommes, prophètes religieux). Soumission aux qualités jugées extraordinaires d’un chef. Cette relation fonctionne sur le registre de la séduction et mobilise des flux affectifs importants (ferveur, amour). (de Gaulle, Hitler, Poutine)
!!! ce type d’autorité intervient essentiellement dans des périodes de crise, de rupture ou de révolution (Hitler et Staline, De Gaulle), elle suspend le cours normal des institutions. Le charisme n’est pas un phénomène naturel, le chef charismatique construit une représentation de lui-même grâce à d’efficaces stratégies de communication. Un tel régime perdure au-delà de la mort de son fondateur.
!!! mise en scène de l’autorité
Marquer la distance qui le sépare de ses sujets + instrument de domination pour ne pas être confondu. Le rang de celui qui gouverne doit apparaître très distinctement sans possibilité de confusion. Ainsi, toute marque de supériorité est justifiée. Nécessité d’un signe extérieur de domination. Prise de distance avec le peuple comme garantie du respect obtenu par le prince et de la perception qu’en ont les sujets. L’exercice du pouvoir est en général théâtralisé (rôle des médias). L’exercice du pouvoir nécessite une construction et une mise en scène.
Ex récent : Le président de la république se marie, car un président célibataire ne correspond pas à l’idée que les gens se font de cette fonction (il manque alors un attribut au chef de l’Etat).
Dans tous les cas, l’autorité doit se présenter comme une évidence. Le détenteur du pouvoir doit en endosser l’apparence. La particularité de ses comportements, la déférence exigée par ses subordonnés, doivent le faire apparaître comme radicalement différent de ces derniers : le pouvoir doit apparaître comme nature spéciale de celui qui l’exerce, comme en témoignent les cérémonies militaires ou politique.
Plus généralement, dans toute organisation sociale, les fonctions de responsabilité s’accompagnent d’impératifs vestimentaires ou de rôles sociaux qui permettent d’identifier leur détenteur et de créer une distance radicale avec ceux qu’ils dominent.
Ex : habillement spécial des cadres dans beaucoup d’entreprises, l’usage du vouvoiement ou du salut militaire.
!!! Et soumission à l’autorité/ soumission des subordonnés (S. Milgram) extraits du film « I comme Icare » de Costa Gavras (https://www.youtube.com/watch?v=GswVNdYPBDs)
-Décrire le protocole de l’expérience :
3 agents : personne testée qui joue le rôle du technicien qui envoie des décharges, le scientifique qui donne les ordres et le cobaye à qui l’on pose des questions (le scientifique et le cobaye sont des comédiens mais la personne testée ne le sait pas). Le scientifique pose des questions aux cobayes et lorsque celui-ci échoue on simule une décharge électrique qu’est censé lui envoyer la personne testée. Le scientifique va demander au technicien d’envoyer des décharges de plus en forte à mesure que le cobaye échoue dans ces réponses.
L’objet de cette expérience est d’analyser les mécanismes de l’obéissance, comme facteur déterminant du comportement. Comment un pouvoir supposé légitime peut obtenir d’un individu des comportements répréhensibles d’un point de vue moral. Une proportion non négligeable (près de 60%) de participants ont obéi jusqu’au stade ultime de l’expérience.
!!! On ne peut pas considérer que la majorité des individus ayant participé à l’expérience sont des monstres (les 2/3).
Ici, l’autorité est impersonnelle : institutions (code, lois, règlements, valeurs, normes…). !!!on se soumet aux fonctions, aux grades, aux uniformes et aux insignes.
Par ailleurs, l’expérience a été menée soit en présentant l’autorité scientifique comme appartenant au secteur public soit comme organisation privée. La proportion de moniteur allant jusqu’au bout de l’expérience est plus importante dans le cadre de l’organisme public. On fait davantage confiance, on se soumet plus facilement, au public qu’au privé car l’on pense sans doute que les fins poursuivies sont plus légitimes (conformes aux lois et à la morale). Les personnes testées ne se sentent pas responsables de leurs actes. (Avec la division du travail, l’émiettement de la société en individus exécutant des tâches limitées et très spécialisées supprime la qualité humaine du travail et de la vie. Intermédiaire dans la chaîne d’exécution). Le but ultime de l’expérience ou de la guerre dépasse les motivations individuelles de l’acteur. L’acte final est suffisamment éloigné pour pouvoir être ignoré (déportation).
L’exercice du pouvoir passe par l’adoption des valeurs et des critères des dominants par les dominés. S’ils diffèrent de ceux qui ont normalement cours dans la société, cela suppose un véritable re -conditionnement.
La célèbre expérience de Stanley Milgram montre que l’on peut amener des individus normalement pacifiques et sociables à des comportements de tortionnaire, en les convainquant qu’une raison supérieure (la science dans cet exemple) l’emporte sur les principes habituels de respect de la personne humaine. De même toutes les armées en campagne doivent recourir à des moyens contraires aux règles sociales du temps de paix : ici c’est l’intérêt national qui doit évincer le respect de la vie d’autrui. Selon Milgram une telle transformation des individus est facilitée par l’habitude de nos sociétés de nous soumettre à des autorités impersonnelles (en matière politique, dans les administrations ou les entreprises…)
L’autorité désigne la capacité d’un individu ou d’un groupe pour se faire respecter en obtenant d’autrui des actions conformes à ses habitudes et valeurs. L’autorité est une qualité personnelle dans la relation à autrui qui permet d’exercer sa mission dans le cadre d’un pouvoir délégué. Capacité d’obtenir le consentement sans recourir à la contrainte. Alors que le pouvoir désigne la capacité d’obtenir d’autrui quelque chose potentiellement aussi par la contrainte.
!!!ne pas confondre avec autoritarisme : pathologie de l’autorité (usage illégitime du pouvoir pour exiger la soumission).
Dans les sociétés démocratiques, la rationalité des dirigeants légalement désignés l’emporte sur le charisme ou la tradition. Une fois cette légitimité acquise dans le cadre de la loi qui organise le suffrage des citoyens, l’Etat s’impose à tous, c’est une « personne morale » qui agit indépendamment des individus qui le représente. Les gouvernements passent et l’Etat demeure/ le peuple et son territoire forment une Nation.
En démocratie, le pouvoir s’exerce au nom du peuple