juin
jeudi 5 juin 2025
Chapitre V – Comment s’organise la vie politique ?
O1 : connaître les principales spécificités du pouvoir politique
I) Du pouvoir au pouvoir politique
Doc.1 p.106
1-les parents veulent aller chez les grands-parents, les enfants ne le veulent pas, mais ils y vont quand même.
2-entre grands et petits frères (sœurs) / entre prof et élèves….
Définition du pouvoir :
R. Dahl : « A exerce un pouvoir sur B dans la mesure où il obtient de B une action que ce dernier n’aurait pas effectué autrement ». Définition plus proche de celle de l’autorité.
Le pouvoir peut se définir comme un rapport de force dont l’un des deux interactants peut retirer un avantage mais où l’autre n’est jamais totalement démuni face au premier.
M. Weber (Economie et société, 1922), « le pouvoir est toute chance de faire triompher, au sein d’une relation sociale, sa propre volonté, même contre des résistances, peu importe sur quoi repose cette chance ».
Doc.2 p.106
3- la caractéristique essentielle du pouvoir politique est donc qu’il s’exerce sur l’ensemble de la société. Ainsi la capacité à imposer des décisions concerne l’ensemble de la société.
4-le vote d’une loi par l’assemblée relève du pouvoir politique tandis que la nouvelle règle du prof ou l’interdiction de sortir imposée par les parents ne relèvent pas d’un pouvoir politique, sauf s’il existe une loi imposant le couvre-feu aux mineurs le samedi soir.
Le pouvoir politique est la domination exercée par une personne ou un groupe sur une société dans son ensemble (prise de décisions, institutions de règles communes, arbitrage des conflits).
II) Les fondements du pouvoir politique (et de l’Etat)
Doc.4 p.107
8-des manifestants contre des CRS (Compagnies Républicaines de Sécurité)
9-ce sont les CRS qui disposent du monopole de la violence légitime. Cela signifie qu’ils sont les seuls à pouvoir exercer la violence si cela est nécessaire, mais ils doivent le faire en respectant la loi (ils ne peuvent pas tout faire).
10-cette violence est légitime car elle est censée garantir la sécurité des biens et des personnnes.
Consentir au pouvoir est une condition même de l’exercice du pouvoir. « Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir », nous dit Rousseau, dans le contrat social. La légitimation peut prendre la forme d’un consentement civique ou alors ou instaurer une loi du plus fort.
Lorsque le fondement divin du pouvoir s’est trouvé contesté, à causes de ses conséquences sociales, mais aussi à cause d’une transformation profonde du rapport à l’autorité religieuse (Réforme), les auteurs ont cherché un fondement autonome à l’autorité de l’Etat. L’autorité se fonde sur le droit naturel (elle est légitime puisque fondée sur la nature de l’homme et efficace puisque conforme à la nature de l’homme.
Hobbes, le Leviathan (1651), recherche une théorie rationnelle au pouvoir
L’homme est mauvais par nature. Il faut protéger l’homme contre ses propres défauts en organisant la société dans laquelle il est obligé de vivre. On cède le pouvoir d’exercer la violence à l’Etat. On laisse état organiser les règles. Quelle est la fonction de l’Etat ? à l’état de nature, l’homme est un loup pour l’homme -situation théorique dans laquelle les hommes se trouvent si l’on fait abstraction de toutes loi : état de guerre permanent. L’Etat doit assurer l’ordre et la sécurité. Le contrat est rompu si l’Etat ne peut plus assurer la sécurité. Les hommes renoncent à leur droit en les confiant à un tiers, qui exerce un pouvoir absolu, mais non arbitraire ni despotique. L’autorité de l’état. Exercer au nom des sujets, le pouvoir reste au-dessus des sujets, et il n’existe pas de droits de résistance, sauf lorsque l’Etat menace directement la vie des individus. Monopole de la violence au nom de la paix publique.
Rousseau, idée d’un contrat social, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (1755)
La fiction théorique de l’état de nature ne peut se définir par la guerre de tous contre tous qui est déjà le signe du développement d’un état social. L’état de nature est un état dans lequel les hommes parviennent à se maintenir, individuel, chacun ne compte que sur lui. A l’état de nature l’homme est un roseau sauvage, il est bon, c’est le fait de vivre en société qui le pervertit et qui rend nécessaire la mise en place d’un contrat social.
Dans l’état social, l’état est le garant de la sécurité des biens et des personnes. Pacte social qui garantit que nul ne peut se mettre au-dessus des lois et exercer une oppression (risque de despotisme). Pour sauvegarder la liberté de chaque contractant, il faut que nul ne soit au-dessus des lois. Certes, ces clauses supposent l’aliénation totale de chaque associé à toute la communauté et donc le renoncement à sa liberté naturelle. « Mais chacun se donnant à tous ne se donne à personne, et comme il n’y a pas un associé sur lequel on n’acquiert le même droit qu’on lui cède sur soi, on gagne l’équivalent de tout ce qu’on perd, et plus de force pour conserver ce qu’on a. Chacun met sa personne sous la direction de la volonté générale, qu’il contribue à élaborer ».
Contrat conclu entre l’individu et le corps politique dont la naissance va de pair avec la conclusion du pacte. Importance de la loi.
L’homme est bon naturellement, c’est par les institutions seules que les hommes se pervertissent. L’amour du bien être fait que les hommes se rendent compte qu’ils ont besoin de coopération et de collaboration, mais qu’ils sont parfois en concurrence. D’où la nécessité de la loi. Il se peut donc qu’il y ait des différences/ inégalités entre les riches et les pauvres. Contrat inique qui perpétue les inégalités.
Hobbes dans le Leviathan pense que l’absence d’organisation conduirait immanquablement à la guerre perpétuelle entre groupes rivaux et, en définitive, à l’éclatement de la collectivité. A la suite de Hobbes, Rousseau montre que le passage de l’état de nature à la société est le résultat d’une création volontaire des hommes qui, par un pacte social, s’engagent à respecter les lois et l’autorité souveraine qui, en contre-partie leur assure une protection. La politique crée ainsi les règles qui permettent de réguler et d’encadrer les opinions, les intérêts et les passions des hommes.
Le fonctionnement de la démocratie exige l’institution d’un peuple, susceptible d’exprimer une volonté générale. Pour Rousseau, l’institution du peuple suppose l’existence d’un contrat social : acte d’association par lequel les individus s’unissent, acceptant d’abandonner chacun une part de leur liberté au profit de ce corps moral et collectif qu’est le peuple. Puis le peuple consent à la création d’un Etat, puissance organisée de la communauté qui peut ainsi exercer son pouvoir sur elle-même.
L’Etat détient alors le monopole de la violence légitime. Il est le seul à pouvoir exercer la violence mais il doit le faire en respectant des règles (Etat de droits).
III) La légitimité du pouvoir politique
Doc.3 p.107
5-courage, intelligence, capacité à commander et à prendre des décisions. Dans la peinture Bonaparte au pont d’Arcole, c’est lui qui porte l’étendard et qui conduit les troupes.
6-tradition catholique (monarchie de droit divin). La légitimité du monarque était donnée par l’Eglise.
7-vote des électeurs au suffrage universel (tout le monde a pu exprimer un choix)
La légitimité du pouvoir politique
Le détenteur de pouvoir doit convaincre d’abord que le pouvoir qu’il prétend exercer est lui-même légitime (c'est-à-dire utile à la société, compte tenu des valeurs de celles-ci), et que lui-même présente des propriétés adéquates pour cette tâche. On doit ainsi à Max Weber (1864-1920) la distinction entre 3 sources de la légitimité :
-la tradition, l’autorité du passé étant supposée justifier celle du présent→ croyance en l’intangibilité des normes coutumières et des traditions ancestrales. Cette forme de légitimité fait du passé et de la fidélité des référents essentiels. !!! prédominance des relations de type personnel. (les parents, les anciens –gérontocratie-, monarque héréditaire)
-la rationalité légale. L’autorité se justifie par des compétences attestées (diplômes, concours) ou un procédé lui-même légitime de désignation (élection). Croyance en la légalité des normes juridiques en vigueur. Type d’autorité propre à l’Europe occidentale. (le juge, l’enseignant, le policier, le président de la République…)
-Le charisme, c’est à dire le rapport particulier qui s’établit entre un dirigeant et ses fidèles, qui lui prêtent des qualités surhumaines le qualifiant pour les diriger (grands hommes, prophètes religieux). Soumission aux qualités jugées extraordinaires d’un chef. Cette relation fonctionne sur le registre de la séduction et mobilise des flux affectifs importants (ferveur, amour). (de Gaulle, Hitler, Poutine)
!!! ce type d’autorité intervient essentiellement dans des périodes de crise, de rupture ou de révolution (Hitler et Staline, De Gaulle), elle suspend le cours normal des institutions. Le charisme n’est pas un phénomène naturel, le chef charismatique construit une représentation de lui-même grâce à d’efficaces stratégies de communication. Un tel régime perdure au-delà de la mort de son fondateur.
!!! mise en scène de l’autorité
Marquer la distance qui le sépare de ses sujets + instrument de domination pour ne pas être confondu. Le rang de celui qui gouverne doit apparaître très distinctement sans possibilité de confusion. Ainsi, toute marque de supériorité est justifiée. Nécessité d’un signe extérieur de domination. Prise de distance avec le peuple comme garantie du respect obtenu par le prince et de la perception qu’en ont les sujets. L’exercice du pouvoir est en général théâtralisé (rôle des médias). L’exercice du pouvoir nécessite une construction et une mise en scène.
Ex récent : Le président de la république se marie, car un président célibataire ne correspond pas à l’idée que les gens se font de cette fonction (il manque alors un attribut au chef de l’Etat).
Dans tous les cas, l’autorité doit se présenter comme une évidence. Le détenteur du pouvoir doit en endosser l’apparence. La particularité de ses comportements, la déférence exigée par ses subordonnés, doivent le faire apparaître comme radicalement différent de ces derniers : le pouvoir doit apparaître comme nature spéciale de celui qui l’exerce, comme en témoignent les cérémonies militaires ou politique.
Plus généralement, dans toute organisation sociale, les fonctions de responsabilité s’accompagnent d’impératifs vestimentaires ou de rôles sociaux qui permettent d’identifier leur détenteur et de créer une distance radicale avec ceux qu’ils dominent.
Ex : habillement spécial des cadres dans beaucoup d’entreprises, l’usage du vouvoiement ou du salut militaire.
!!! Et soumission à l’autorité/ soumission des subordonnés (S. Milgram) extraits du film « I comme Icare » de Costa Gavras (https://www.youtube.com/watch?v=GswVNdYPBDs)
-Décrire le protocole de l’expérience :
3 agents : personne testée qui joue le rôle du technicien qui envoie des décharges, le scientifique qui donne les ordres et le cobaye à qui l’on pose des questions (le scientifique et le cobaye sont des comédiens mais la personne testée ne le sait pas). Le scientifique pose des questions aux cobayes et lorsque celui-ci échoue on simule une décharge électrique qu’est censé lui envoyer la personne testée. Le scientifique va demander au technicien d’envoyer des décharges de plus en forte à mesure que le cobaye échoue dans ces réponses.
L’objet de cette expérience est d’analyser les mécanismes de l’obéissance, comme facteur déterminant du comportement. Comment un pouvoir supposé légitime peut obtenir d’un individu des comportements répréhensibles d’un point de vue moral. Une proportion non négligeable (près de 60%) de participants ont obéi jusqu’au stade ultime de l’expérience.
!!! On ne peut pas considérer que la majorité des individus ayant participé à l’expérience sont des monstres (les 2/3).
Ici, l’autorité est impersonnelle : institutions (code, lois, règlements, valeurs, normes…). !!!on se soumet aux fonctions, aux grades, aux uniformes et aux insignes.
Par ailleurs, l’expérience a été menée soit en présentant l’autorité scientifique comme appartenant au secteur public soit comme organisation privée. La proportion de moniteur allant jusqu’au bout de l’expérience est plus importante dans le cadre de l’organisme public. On fait davantage confiance, on se soumet plus facilement, au public qu’au privé car l’on pense sans doute que les fins poursuivies sont plus légitimes (conformes aux lois et à la morale). Les personnes testées ne se sentent pas responsables de leurs actes. (Avec la division du travail, l’émiettement de la société en individus exécutant des tâches limitées et très spécialisées supprime la qualité humaine du travail et de la vie. Intermédiaire dans la chaîne d’exécution). Le but ultime de l’expérience ou de la guerre dépasse les motivations individuelles de l’acteur. L’acte final est suffisamment éloigné pour pouvoir être ignoré (déportation).
L’exercice du pouvoir passe par l’adoption des valeurs et des critères des dominants par les dominés. S’ils diffèrent de ceux qui ont normalement cours dans la société, cela suppose un véritable re -conditionnement.
La célèbre expérience de Stanley Milgram montre que l’on peut amener des individus normalement pacifiques et sociables à des comportements de tortionnaire, en les convainquant qu’une raison supérieure (la science dans cet exemple) l’emporte sur les principes habituels de respect de la personne humaine. De même toutes les armées en campagne doivent recourir à des moyens contraires aux règles sociales du temps de paix : ici c’est l’intérêt national qui doit évincer le respect de la vie d’autrui. Selon Milgram une telle transformation des individus est facilitée par l’habitude de nos sociétés de nous soumettre à des autorités impersonnelles (en matière politique, dans les administrations ou les entreprises…)
L’autorité désigne la capacité d’un individu ou d’un groupe pour se faire respecter en obtenant d’autrui des actions conformes à ses habitudes et valeurs. L’autorité est une qualité personnelle dans la relation à autrui qui permet d’exercer sa mission dans le cadre d’un pouvoir délégué. Capacité d’obtenir le consentement sans recourir à la contrainte. Alors que le pouvoir désigne la capacité d’obtenir d’autrui quelque chose potentiellement aussi par la contrainte.
!!!ne pas confondre avec autoritarisme : pathologie de l’autorité (usage illégitime du pouvoir pour exiger la soumission).
Dans les sociétés démocratiques, la rationalité des dirigeants légalement désignés l’emporte sur le charisme ou la tradition. Une fois cette légitimité acquise dans le cadre de la loi qui organise le suffrage des citoyens, l’Etat s’impose à tous, c’est une « personne morale » qui agit indépendamment des individus qui le représente. Les gouvernements passent et l’Etat demeure/ le peuple et son territoire forment une Nation.
En démocratie, le pouvoir s’exerce au nom du peuple